Les congolais se souviennent ce dimanche 24 janvier 2021 de l’entrée en fonction du Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, en 2019, pour un premier mandat de 5 ans. Opposant politique, le fils du Sphinx remplaçait ainsi Joseph Kabila qui venait de gouverner le pays pendant 18 ans. Une transition Pacifique du pouvoir qui a engendré un grand espoir de changement au sein de la population, sous le poids de la misère devenue interminable.
Le changement, c’est le symbole que représentait la prise de fonction de Félix Tshisekedi. Après 37 ans de lutte dans l’opposition, l’UDPS de feu Étienne Tshisekedi wa Mulumba accédait à la magistrature suprême, traînant avec lui des nombreuses promesses faites à la population, dont l’amélioration de la situation sociale et le rétablissement l’autorité de l’Etat. Mais sans majorité parlementaire, le Chef de l’Etat se retrouvait dans l’obligation de composer avec son prédécesseur qui a pris soin de garder le contrôle sur le parlement, les assemblées provinciales et les exécutifs provinciaux. C’est dans ce contexte qu’est née la coalition FCC-CACH.
Plus de 7 mois après son investiture, Félix Tshisekedi nomme enfin un gouvernement, au terme des longues négociations avec son partenaire de coalition. L’équipe de plus 60 membres est dirigée par Sylvestre Ilunga Ilunkamba, professeur d’université et mandataire public. Le Président de la République aura le contrôle de la sécurité intérieure, le budget, les affaires étrangères, tandis que les finances, la défense nationale, les mines, la justice et tant d’autres portefeuilles stratégiques vont revenir à Joseph Kabila, autorité morale du FCC. Sans compter que l’assemblée nationale et le sénat sont majoritairement FCC.
Méfiance, querelles de tout genres, la coalition gouvernementale passera plus de temps à gérer ses conflits internes que les vrais problèmes des congolais. Le chef de l’Etat accusant même certains de ses ministres membres du FCC de saboter son action. Dans l’entre temps les tueries se sont poursuivis dans l’Est du pays, le taux de change est resté souvent instable, les emplois n’ont pas été créés, la situation générale du pays ne s’est pas améliorée. Face à ce tableau, le divorce devenait irréversible. C’est ainsi que le 6 décembre dernier, le Président Tshisekedi décidait de rompre avec son allié Kabila et amorçait ainsi le processus du renversement de la majorité parlementaire à son avantage.
Deux ans après sa prise de fonction, le Chef de l’Etat congolais peut tout de même se féliciter d’avoir enclenché le processus d’instauration d’un Etat de droit, en favorisant l’indépendance de la justice; avoir rendu effective la gratuité de l’enseignement, avoir remis la RDC dans le concert des Nations grâces à une diplomatie agissante et avoir construit quelques routes urbaines au pays. Un maigre bilan, au regard des enjeux auxquels fait face le pays.
Maintenant qu’il a le contrôle du parlement, et pourra avoir un gouvernement totalement soumis à son autorité, le Président Félix Tshisekedi aura la lourde et complexe tâche de réaliser les besoins pressants des congolais dans les 3 années restantes de son mandat, s’il espère avoir encore le suffrage du peuple en 2023.
Arsene MPUNGA