À la veille de Noël et à quelques jours de la fête de nouvel an, l’ambiance est toute particulière sur la ville Mbujimayi. Contrairement aux années précédentes, les parents ne s’empressent pas pour payer des nouveaux habits à leurs enfants et d’autres objets de décoration. Cela à cause de la précarité de la situation économique et des mesures prises par le Chef de l’Etat pour lutter contre la 2e vague du Coronavirus.
Pour stopper la propagation de la deuxième vague de COVID19, le Président Felix Tshisekedi a mis en place une batterie de mesures dont l’interdiction des cérémonies festives, des productions artistiques et des kermesses. Les églises et les débits de boissons ne pouvant fonctionner qu’avant 21h locale, heure du début du couvre-feu. Des décisions qui change tout, dans la tradition des fêtes de fin d’année.
A quelques heures de Noël, l’ambiance n’est pas à la fête à Mbuji-Mayi. Les habitants vaquent à leurs activités comme si de rien n’était. Aucune décoration spécifique indiquant que c’est la veille de la de la nativité de Jésus. Aucune guirlande accrochée moins encore de rameaux. Aucun podium n’est monté pour un éventuel concert.
Dans les terrasses et bistrots, aucune disposition spéciale n’est visiblement envisagée. Les vendeurs des biens et services se plaignent du manque de clients.
Sur les différents marchés, pas d’engouement non plus. Même constat dans les comptoirs et mini marchés de vente et d’achat de diamant. A Kalala wa Nkata où sont concentrés les comptoirs d’achat et de vente de diamant, aucun engouement à signaler. La principale avenue Salongo est littéralement dégagée. Difficile d’apercevoir de nombreux creuseurs et conducteurs de taxi-moto qui s’y regroupent souvent pour attendre la distribution des vivres de la part des négociants à la veille de Noël.
Au comptoir Pemad de Bakwa Dianga, Herve Kabeya, est propriétaire d’un salon de coiffure. Il n’a reçu qu’un client depuis le matin. Une situation inhabituelle à cette période de l’année.
» Parfois je fais la commission de diamant, mais normalement je suis coiffeur. Pour nous les coiffeurs du comptoir PEMAD ça nous semble difficile. Depuis que je suis venu ici je peux dire que je n’ai coiffé qu’une seule personne. J’attends encore voir si Dieu peut nous faire grâce pour trouver beaucoup de personnes », a-t-il affirmé.
Au grand marché Bakwa Dianga, les vendeurs des habits prêt-à-porter se lamentent aussi : les clients n’achètent pas.
Un peu plus loin, dans une boucherie-charcuterie de renom, les femmes revendeuses de la viande de vache, installées devant l’abattoir, ont les tables remplies, elles passent tout leur temps à chasser les mouches. Mais personne ne demande ne serait-ce que le prix.
Au marché Wetrafa communément appelé marché Simis, quelques rares parents qui fréquentent les magasins et boutiques s’efforcent d’acheter des vêtements et des jouets pour faire plaisir à leurs enfants.
Mais plusieurs commerçants de la place se plaignent de maigres recettes qu’ils ont réalisées cette année par rapport aux années antérieures à cause de la crise sanitaire et économique.
Un vendeur d’articles de décoration et de jouets affirme que ces produits s’écoulent d’habitude facilement en cette période. Ce qui n’est pas le cas pour cette année:
» Nous vendons toujours des jouets. Mais cette fin d’année, il n’y a pas de vente. Dès que tu annonces le prix aux gens, ils disent qu’ils n’ont pas d’argent. Ils repartent vite. Je ne veux plus refaire le stock, de peur qu’après la fête de Noël, je reste avec des invendus et perde mon capital «
Dans certains ménages, entre l’envie de profiter de la soirée du 25 décembre comme les autres années et prendre le moins de risques possibles, les fatries discutent et se divisent parfois sur les mesures sanitaires à adopter ou pas.
» .. .j’ai bien cette envie de fêter la Noël avec toute ma famille comme toutes les années mais avec les mesures du chef de l’Etat je n’ai pas de choix… » déclare un père de famille qui préfère malgré lui se plier aux mesures prises par le chef de l’État contre la 2e vague de COVID19.
Pour ce réveillon de Noël, la question de fête passe pour une des rares fois au second plan. Entre impératifs sanitaires et la volonté de se retrouver, le dilemme est tout entier.
Moise TSHILENGI