Kasaï-Oriental : « Je suis un chasseur qui chasse les sorciers qui viennent ensorceller l’université officielle de Mbujimayi » ( Abbé Apollinaire Cibaka, recteur de l’UOM) [INTERVIEW]

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Depuis sa nomination comme recteur de l’Université officielle de Mbujimayi, UOM, l’abbé professeur Apollinaire Cibaka Cikongo a pris un nombre de décision afin de remplir avec efficacité ses fonctions. La nomination des membres de son Cabinet, la fixation des principes généraux d’assainissement du fichier du personnel de l’université officielle de Mbujimayi en passant par la rationnalisation de la gestion financière de l’Université Officielle de Mbujimayi. Des décisions salutaires pour les uns et inopportunes pour les autres. Certaines langues vont plus loin et accusent le nouveau recteur de l’UOM de faire une chasse aux sorcières. Dans une interview exclusive accordée à tambourmatin.info, abbé Apollinaire Cibaka Cikongo revient sur la dernière décision portant assainissement du fichier du personnel.

T.M : Que retenir de la dernière décision portant sur l’assainissement du personnel et quelles en sont les motivations ?

A.C : Cette décision est en fait l’aboutissement logique d’un travail du contrôle du personnel qui a été réalisé par une commission dirigée par des professeurs de cette université. Et cette commission a été constituée à partir d’un travail de diagnostic qui a été fait par l’ensemble de la communauté de l’UOM, un atelier sur la gouvernance universitaire par la qualité. Ainsi de toutes ces observations il fallait savoir qui est qui et qui fait quoi à l’université officielle de Mbujimayi. On énonce des principes généraux et on suit la loi, ce n’est pas de l’arbitraire. Les droits des personnes ne seront pas violés mais ceux de l’université non plus.

T.M : A combien évaluez-vous tout le personnel de l’UOM ?

A.C : Dans le premier rapport, l’UOM a entre 700 et 800 employés. Et donc il fallait identifier chacun et ce travail a été fait. Nous n’avons que 41 professeurs d’université pour 7 facultés et des facultés qui ont plusieurs départements. Nous avons à peu prêt 350 membres du personnel scientifique c’est à dire des chef des travaux et des assistants. Et puis nous avons autour de 400 personnels administratifs, techniques ouvriers. Quand on examine ce personnel excepté les professeurs d’université, il y a chez le personnel scientifique et chez le personnel administratif, technique et ouvrier plusieurs fictifs. Nous avons une centaine de fictif c’est à dire des personnes qui chaque mois touche le salaire et la prime de l’Etat congolais mais qui ne travaillent jamais. Il y a aussi certaines situations d’irrégularités notamment d’absentéisme et carrément des personnes qui n’ont plus rien à avoir avec cette université.

T.M : Pourquoi avoir décider de réorienter certains chefs de travaux et assistants ?

A.C : Le recteur ne réoriente personne. C’est la loi qui le fait. Il y a des cas par exemple un étudiant pendant qu’il étudie il est déjà assistant dans notre université, qu’est-ce que vous demander que je fasse ou bien quelqu’un qui n’a pas rempli des conditions pour être assistant ou quelqu’un qui a une charge d’assistant mais qui ne fait rien et ne se présente même pas qu’est ce que vous voulez que je fasse. Donc là ce n’est pas le recteur nous ne faisons qu’appliquer la loi. On a rien inventé ici, ce n’est pas le règne de l’arbitraire mais celui de la rationalité, de la loi et si je dois apporter quelque chose à cette université c’est de l’aider à fonctionner conformément à la loi.

T.M : Qu’en est-il des chefs de travaux ou assistants qui ne montent jamais de grade ?

A.C : En fait, dans la loi il y a pas des chefs de travaux et assistants de carrière. La loi fixe un délai, on peut être assistant pas plus de six ans donc c’est deux ans renouvelable deux fois. Cette université a besoin des professeurs d’université en urgence et nous avons créé la bourse docteur Étienne Tshisekedi à laquelle personnellement j’ai souscrit avec la moitié de ce que l’université me paie comme recteur parce que nous avons besoin des professeurs. Nous voulons que les chef de travaux, les assistants aillent faire leur doctorat. Nous ne voulons pas des assistants et des chefs de travaux éternels. Nous voulons qu’ils aillent aux études et l’université dans la limite de ses moyens va aider les meilleurs à faire leurs études.

T.M : Certaines langues reprochent la célérité avec la quelle vous prenez toutes ces décisions et vous accusent de faire la chasse aux sorciers. Que répondez-vous ?

A.C : Lisez bien le texte, nous, nous travaillons. Si quelqu’un est par exemple à Ngandajika où il vit calmement et n’arrive pas à l’université officielle de Mbujimayi et chaque mois il touche salon salaire et ça prime. Si c’est ça qu’on appelle chasse aux sorciers je l’assume. Donc si pratiquer la justice pour faire fonctionner l’université et la gerer c’est ça pratiquer la chasse aux sorcières alors je suis un chasseur des sorciers. Je chasse les sorciers qui viennent ensorceller cette université. Et là avec beaucoup d’orgueil et de fierté j’assume cela. Je suis venu ici travailler je ne suis pas venu en vacances. Si mon évêque a accepté que je dirige cette université c’est pour ça que je travaille. L’abbé Cibaka ne se réveille pas le matin et prend des décisions de folie. Je ne suis pas un étranger de cette université, j’ai déjà consacré presque 10 ans de ma vie dans cette université et donc je la connais.

|Propos recueillis par Moïse TSHILENGI

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