Dans la cité de Bakwa Cimuna située dans le territoire de Lupatapata à 15 Km au sud de la ville de Mbujimayi au Kasaï-Oriental, des femmes sont victimes de violences physiques de leurs conjoints. Devant ces actes barbares qu’elles subissent au quotidien, elles gardent le silence et optent pour des solutions à l’amiable. Certains citoyens de cette cité à vocation diamantaire pensent que cette façon d’agir est meilleure pour conserver leurs foyers. Cependant pour la Dynamique pour l’intégration de la femme, une structure locale de défense des droits de la femme, cette attitude n’est pas la meilleure.
Berthe Ntumba, jeune mère dans la vingtaine est souvent battue dans son foyer par son mari. Les voisins sont informés de sa situation. Pour autant, elle n’ose pas dénoncer son mari au risque de perdre son mariage. Comme elle, bon nombre de femmes sont maltraitées par leurs conjoints dans cette cité minière. Outre les violences physiques, les femmes sont aussi victimes de deux types de violences dans leur foyer : économiques et sexuelles. Certaines d’entre elles pensent qu’elles sont considerées par leur mari comme de simples instruments de jouissance du fait des rapports sexuels souvent forcés.
« Nous les mamans quand nous revenons des travaux champêtres. Nous sommes tout fatiguées. Nous pensons à préparer la nourriture pour les enfants et pour le mari. Et pendant la nuit, tu dois aussi servir le mari. Et quand tu ne cèdes pas, cela tourne au drame et à la bastonnade durant toute la nuit. Le lendemain, au réveil on se retrouve avec des yeux enflés« , s’indigne Emerance Mpuekela, présidente de la structure Dynamique pour l’intégration de la femme, sur la pression sexuelle subie par les femmes dans cette cité.
Et d’ajouter :
« Ici à bakwa cimuna, certains hommes privent leurs femmes d’argent de cuisine sans explication. Par contre d’autres n’ont pas une cuisine fixe. Ce montant varie en fonction de l’humeur du mari « , confie-t-elle.
Réagissant sur cette question des violences conjugales, les hommes de la cité de Bakwa Cimuna tentent de se justifier. Ils estiment que le mauvais comportement de leurs femmes est souvent à l’origine de ces violences. Jean Pierre Mulumba est un creuseur.
« La conduite de certaines femmes pousse leur mari à réagir violamment à leur égard. Du fait que les femmes d’aujourd’hui ne sont plus tendres comme nos mamans qui, elles, savaient supplier leur maris. Celles d’aujourd’hui sont insolentes. Et puisqu’on parle d’égalité des sexes, la femme oublie le droit d’obéïr à son mari « , explique Jean Pierre Mulumba, creuseur artisanal du diamant et responsable de famille.
De son côté, monsieur Victor Kapeta fustige les caprices des femmes en général qui sont responsables des bagarres dans les foyers. « Certaines femmes n’assouvissent pas les appétits sexuels de leur mari et refusent même de contribuer aux charges du ménage« , a-t-il déclaré.
À Bakwa Cimuna comme dans la plupart des villes du Kasaï oriental, les femmes victimes des violences conjugales sont souvent condamnées au silence par la société et la famille. Ici, accuser son mari à la police est vu, dans la plupart de cas, comme un signe de la sorcellerie de la part de la plaignante. D’ailleurs, la violence conjugale, parfois meurtrière, est considérée par plusieurs comme un signe d’affermissement de la relation entre les époux.
|Par Moïse TSHILENGI