Au lendemain de la déchéance du gouverneur de la province du Kasaï oriental, Jean Maweja muteba, il s’observe un calme relatif et une tension latente sur la ville de Mbujimayi. La manifestion des partisans de l’autorité provinciale prévue pour ce vendredi 2 avril 2021 dans la matinée n’a pas eu lieu, suite au refus de l’autorité urbaine, avons appris. Une présence renforcée des éléments de la police s’observe dans tous les carrefours de la ville.
Reportage d’Arsène MPUNGA
Sur le boulevard Laurent Désiré kabila, le seul que compte la ville de Mbujimayi, la journée a commencé comme d’ordinaire. Boutiques, pharmacies, administration publique, banques, tous les bureaux ont ouvert tôt le matin. Sur les lieux de travail, le seul sujet de discussion reste la destitution la veille du chef de l’exécutif par le parlement provincial, à travers une motion de défiance.
Dans les couloirs du bâtiment administratif où siègent plusieurs divisions provinciales, le débat est houleux. Les anti et pro Maweja Muteba sont loin de s’accorder sur le respect de la procédure par l’assemblée provinciale. Pour les supporters du gouverneur déchu, « les députés devaient accéder à la demande du report sollicité par Jean Maweja Muteba pour préparer sa défense. Ils ont précipité les choses pour leurs propres intérêts ». Un argument que ceux de l’autre camp a du mal à gober. « Il était temps qu’il parte, les députés n’ont fait que la volonté du peuple », lance un homme debout dans le couloir, sourire aux lèvres.
Il est midi, Jean Maweja Muteba a décidé de se rendre à son cabinet de travail. Son cortège est escorté par plusieurs motards qui scandent des slogans en son honneur. Assis dans sa Toyota 4×4, celui qui se fait appeler « Mwalimu » a l’air serein. Les bruits de sa suite attirent les passants et les riverains sortent contempler son passage.
Pendant ce temps, pas loin du centre-ville, les coups de gaz lacrymogène et « balles » crépitent sur l’avenue Kalonji, à quelques mètres de l’Université Officielle de Mbujimayi, dans la commune de la Muya. Les éléments de la police tentent de disperser les partisans du gouverneur qui expriment leur colère dans la rue. Panique sur le campus de l’UOM, les cours sont perturbés durant quelques minutes, la fumée piquante du gaz lacrymogène fait croire à certains que les troubles viennent de gagner le site universitaire. Mécontent, le président des étudiants n’hésite pas de saisir les autorités politiques pour se plaindre de la situation.
«Nous sommes tellement inquiets du fait que l’université est apolitique. Nous ne sommes pour rien dans cette affaire. Mais les policiers passant à coté de notre université, tirent des balles en l’air, on était surpris. Ils ont même jeté le gaz lacrymogène sur le site universitaire et cela a perturbé le déroulement des cours…avec les nouveaux venus qui sont sur le site universitaire, certains voulaient même fuir. Nous avions calmé la situation. On n’est pas content…nous avons saisi le ministre de l’intérieur et le maire de la ville pour les informer », déclare Fiston Lowambe.
Interrogé sur un media, le gouverneur Jean Maweja Muteba a invité la population au calme. Son chargé de communication, Pitié Yombo a lui qualifié sa déchéance « d’un théâtre ». Ce qui laisse croire que le gouverneur destitué ne va se laisser faire. Va-t-il saisir la cour constitutionnelle ou le conseil d’Etat ? Difficile de le savoir pour le moment.