Le personnel enseignant de cette école primaire du réseau catholique a déjà largement dépassé l’âge de la retraite. Fonctionnaires de l’État, ces instituteurs de l’EP BUTOKA continuent d’attendre désespérément d’être envoyés en retraite, comme c’est d’ailleurs le cas dans plusieurs établissements scolaires de la province du Kasaï oriental. Ce qui pour le moment semble difficile.
En attendant, ces enseignants sont obligés malgré eux de dispenser les cours dans la mesure du possible. Déjà fatigués, nombreux d’entre eux passent la plupart de leur temps à la maison, plutôt que dans les salles de classe, au détriment des élèves.
« Je veux aller en retraite. Premièrement je suis âgé de 78 ans, j’ai déjà 57 ans dans la carrière d’enseignant », déclare un instituteur qui a peine de la force pour marcher et dont les yeux ne voient plus.
Une autre enseignante, de la même génération a même du mal à parler. Pour se déplacer, deux de ses collègues encore un peu fort physiquement sont obligés de la tenir. « Je n’ai même plus de force pour enseigner. Mais je n’ai rien d’autre à faire. Faute de la pension, je suis obligée de venir ici pour continuer d’être payée », lâche-t-elle d’une voix tremblante.
En visite d’inspection dans cet établissement scolaire situé en plein centre ville de Mbujimayi, le coordinateur des écoles catholiques se désole de la situation. Stany kabeya exhorte le gouvernement à assurer le remplacement dans l’urgence de ces enseignants très vieux:
« Moi je crois qu’il est grand temps qu’on prenne le métier d’enseignant au sérieux dans notre pays. Je ne sais pas comment je peux gérer des gens à cet âge, c’est très compliqué. J’ai des larmes aux yeux. Il est grand temps qu’on prenne la décision. On m’a proposé des gens qui doivent les remplacer, mais ils n’ont pas des commissions d’affectation. Je vais demander aux autorités qui nous gèrent au niveau provincial de me proposer une solution ».
Le coordinateur diocésain des écoles catholiques, Stany Kabeya se dit faire face au refus des jeunes enseignants d’assurer les cours dans cette école publique, sans être payés. Il recommande vivement au gouvernement de prendre en charge ces nouvelles unités qui vont assurer la relève des enseignants en dépassement de l’âge de la retraite.
L’école primaire Butoka n’est pas la seule qui est touchée par ce phénomène de vieillissement du personnel enseignant. Le coordinateur diocésain envisage d’ailleurs de faire la ronde de tous les établissements de son réseau en vue de faire un répertoire des enseignants devant aller en retraite.
Arsene MPUNGA
