La ville de Mbujimayi, chef-lieu du Kasaï oriental est plongée dans le noir depuis près d’un mois. Le courant électrique est devenu rare même dans les quartiers les mieux desservis. Une situation qui affecte l’activité économique déjà paralysée à cause de la précarité.
|Reportage d’Arsène MPUNGA
La journée de ce lundi 22 novembre est ensoleillée à Mbujimayi, comme c’est le cas depuis le retour de la saison pluvieuse. Les rues du centre-ville sont animées comme d’ordinaire, les fonctionnaires, commerçants et commissionnaires ont déjà pour la plupart gagné leurs lieux de travail. Mais cette semaine commence sous le même rythme que la dernière : sans courant électrique.
« Mon frère, cette situation devient insupportable. Les années passent mais rien ne change. Nous venons de passer un mois sans courant électrique. Comment nous pouvons travailler et subvenir aux différents besoins dans ces conditions », se lamente un jeune informaticien, propriétaire d’une bureautique sur le boulevard Laurent Désiré Kabila, au centre-ville.
Assis sous un arbre, Trésor contemple les heures passées, attendant désespérément « la lumière ». Tenancier d’une terrasse, ce jeune marié a passé un week-end difficile, sa boisson est restée chaude faute de courant.
« La gouverneure intérimaire est apparemment occupée à faire autre chose. Elle ne dit rien, la ENERKA non plus. Nos députés sont occupés par des querelles politiques. Le jour arrive où nous allons nous prendre en charge. Je n’ai pas vendu le week-end. Comment voulez vous que les clients consomment de la bière chaude. Je suis révolté. Je pense que nous sommes abandonnés à notre triste sort ».
Pendant ce temps, le sort de vendeurs des vivres frais est encore plus malheureux. Pour éviter de perdre tous leurs produits par manque de froid, ils recourent aux groupes électrogènes dont le coup d’exploitation est très élevé. Les médias audiovisuels de la ville ne sont pas non plus épargnés. La plupart d’entre eux sont réduits au silence depuis quelques semaines.
La société Energie du Kasaï, ENERKA, qui assure la commercialisation du courant de la MIBA est « visiblement dépassée » par la situation. Alors qu’elle annonçait il y’a peu la réhabilitation de deux machines supplémentaires de la centrale de Tshiala, cette nouvelle panne sonne comme une douche froide pour la nouvelle équipe dirigeante de la société. Selon plusieurs techniciens, sans un nouveau barrage hydroélectrique, le Kasaï oriental risque d’être plongé pour longtemps dans le noir.