Souvent situées derrière des demeures des quartiers périphériques de Mwene-Ditu et même en plein centre ville, noircies par la fumée permanente, des installations rudimentaires de distillation d’alcool appelé « Super » servent de lieu de retraite pour plusieurs habitants de la ville ferroviaire. Par dizaines, des jeunes désœuvrés, des employés, des travailleurs d’entreprises publiques et même certaines femmes au foyer se fixent rendez-vous sous des paillotes, dans des cabanes destinées à la consommation de cet alcool indigène.
Toutes les affaires se discutent dans ces lieux de rencontre un peu particuliers : sport, politique, musique… Assez fréquemment, la bagarre clôture les discussions de ceux qui ne savent trouver un compromis après leur discussion. Les maisons de Super sont généralement tenues par des femmes souvent âgées. Elles gagnent leur pain quotidien au prix des propos souvent désobligeants à supporter de la part de leurs clients et des risques d’actes de vandalisme caractérisant les consommateurs de cette boisson fortement alcoolisée.
« La distillation et la vente du Super est ma seule source de revenus », affirme Mamu Ntumba Ciabola, veuve trouvée derrière sa maison au quartier makota dans la commune de bondoyi en pleine opération de distillation.
Point n’est besoin de poser des questions sur la teneur en alcool de ce breuvage, personne ne saura vous répondre. Les autorités publiques de Mwene-Ditu ont plusieurs fois essayé en vain d’en interdire la vente, à cause de sa nuisance sur la santé des consommateurs et des fabricants.
« Lorsque je prend du Super, je me sent soulagé et même déchargé de tous problèmes qui me semble être difficiles à résoudre à cause de mes maigres moyens « , confie Mr Crispin Kabongo, fidèle client de Mamu Ntumba.
Parmi les raisons qui peuvent expliquer la préférence pour l’alcool indigène, c’est entre autre son coût moins cher. La conjoncture économique du moment a sensiblement effrité le pouvoir d’achat de la population. Certains consommateurs vont même plus loin en affirmant que le Super est un produit efficace contre la covid 19. Pourtant aucune étude scientifique ne l’a démontré.
Les conséquences du Super sur la santé de ses consommateurs ne se font pas attendre longtemps. Et là, plutôt que de se contenter de noyer les soucis, cet alcool artisanal finit souvent par noyer aussi son consommateur.
|Par Moïse TSHILENGI