Dans un communiqué conjoint publié ce jeudi 14 avril 2022, signé à partir de la ville de Goma, au Nord-Kivu, trente-sept organisations de la société civile congolaise ont exprimé leurs inquiétudes face à la dégradation de la situation des droits humains et les massacres continus dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, depuis l’instauration de l’état de siège en mai 2021.
Pour ces organisations, cette mesure prise en réponse à l’insécurité persistante dans l’est du pays, caractérisée par des tueries des civils par différents groupes armés, n’a pas permis jusque-là d’apporter les résultats escomptés. Bien au contraire, font-elles savoir, les massacres perpétrés témoignent de l’insécurité qui persiste ainsi que de la limite de la réponse militaire.
Elles soulignent que la population vit dans une peur permanente du prochain massacre, l’armée n’arrivant pas à sécuriser les personnes vivant dans des zones à risque, même les déplacés. Ces organisations font également savoir au Premier ministre que loin de sécuriser la population civile, les autorités militaires qui dirigent ces provinces ont, par ailleurs, restreint l’exercice des libertés publiques en réprimant des manifestations pacifiques, en procédant à des arrestations arbitraires, à des intimidations, à des passages à tabac, et en lançant des poursuites judiciaires contre toutes les voix qui appellent à la fin de l’état de siège.
« Alors que les autorités militaires avaient pourtant assuré qu’elles respecteraient les droits de l’homme et le droit international humanitaire, nos organisations ont documenté l’arrestation de dizaines d’activistes, de journalistes, de membres de l’opposition et même de parlementaires qui ont exprimé leur opinion de manière pacifique sur la situation en cours et l’état de siège », regrettent ces organisations, relevant qu’au moins un activiste a été tué par les forces de sécurité lors d’une manifestation.
Elles relèvent, par ailleurs, qu’aucune loi n’encadre jusque-là les modalités d’application de l’état de siège pourtant décrété il y a bientôt un an. Ce qui les amène à appeler publiquement à la libération de toute personne arrêtée ou condamnée pour avoir critiqué l’état de siège ; à demander des sanctions contre tout membre de l’armée ou de la police qui s’est distingué dans les actes d’atteintes aux droits humains y compris la tuerie, la torture, etc.
Par Moise TSHILENGI