La ville de Bukavu s’est réveillée jeudi 18 août 2022 au milieu d’un remue-ménage inattendu, alors que la veille rien ne présageait pareille situation. L’on rapporte que, dans la nuit, il y a eu un déploiement militaire et policier. La raison avancée, c’est l’ultimatum d’un mois accordé aux motocyclistes afin de s’enregistrer, ainsi que l’interdiction de circuler sur l’avenue Patrice-Emery-Lumumba. Et pourtant, ce moratoire accordé aux motards de la ville chef-lieu de la province du Sud-Kivu n’est pas encore arrivé à son terme. Les motocyclistes ont d’ailleurs manifesté à ce sujet.
En fait, la raison de cette situation anormale à Bukavu est à chercher ailleurs, souffle-t-on dans la ville. Le prix Nobel de la paix 2018, Dr Denis Mukwege, devrait donner deux conférences scientifiques dans la ville de Kisangani dans la province de la Tshopo sur « Les fistules traumatiques » et sur « Le viol comme arme de guerre ». Mais d’après ses proches, il ne s’est pas rendu à l’aéroport de Bukavu afin de prendre son avion, car la route d’Uvira a été fermée. Bien plus étonnant, poursuivent les mêmes sources, tous les vols ont été annulés entre Bukavu et Kisangani sans aucune explication plausible.
Des allégations rejetées par le gouvernorat du Sud-Kivu qui parle de l’intoxication. D’après ce dernier, Il s’agit plutôt d’une manifestation des motards contre la mesure leur interdisant de rouler au centre-ville. La veille, l’Université de Kisangani qui devrait accueillir les deux conférences de « L’homme qui répare les femmes » a, dans un communiqué signé par son recteur, décliné la tenue de ces rencontres scientifiques du Prix Nobel de la paix, en avançant les raisons d’incapacité à garantir la sécurité sur le site universitaire.
Plusieurs voix se sont levées pour condamner cet état de chose. « Il est honteux, surtout inadmissible qu’on refuse à un scientifique du rang du Docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, d’animer sa conférence à l’Université de Kisangani. J’interpelle le recteur de l’UNIKIS pour qu’il nous donne les vrais raisons de sa décision », s’est indigné Martin Fayulu, opposant politique et candidat à la présidentielle de 2018. La société civile et l’opposition accuse le régime de museler le prix Nobel de la paix congolais pour ses prises de position contre le déploiement des forces étrangères dans l’est de la RDC.
|Par Moise TSHILENGI
