RDC: Patrick Muyaya et les défis d’assainissement du secteur des médias

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La république démocratique du Congo dispose d’un gouvernement depuis le lundi 12 avril 2021. Une équipe constituée à 28% des jeunes de moins de 40 ans, parmi lesquels se trouve Patrick Muyaya Katembwe, nommé ministre de communication et médias, et porte-parole du gouvernement.

Ancien journaliste, conseiller en communication à la primature de 2007 à 2011, il est élu député national au cours de la même année et réélu en 2018. Patrick Muyaya hérite d’un secteur qu’il connait parfaitement et qui est marqué par une faible législation, avec pour conséquence des abus de tous genres tant du côté des professionnels des médias et que des autorités publiques. Une mission qui s’annonce difficile dans un contexte de précarité économique.

En RDC, les entreprises de presse naissent à un rythme très accéléré, sans que personne ne puisse se soucier de leur viabilité. Appartenant pour la plupart aux opérateurs politiques, ces médias servent généralement d’instruments de propagande pour leurs promoteurs. C’est ainsi que très peu remplissent les critères requis de fonctionnement normal d’une entreprise et sont incapables d’engager des vrais professionnels et leurs fournir des contrats de travail. Le premier défi de Patrick Muyaya sera d’assainir ce secteur, en durcissant les conditions de création des maisons de presse et en assurant un suivi permanent des conditions de travail et de traitement du personnel des médias.

Le nouveau ministre des médias doit aussi faire face au phénomène « moutons noirs ». Il s’agit de ces animateurs qui s’improvisent journalistes sans en détenir les compétences, ni la qualité. Ces « faux journalistes » jouissent d’une absence d’un cadre légal contraignant et qui est déjà dépassé. En effet, en RDC, l’unique loi qui réglemente l’exercice de la liberté de la presse remonte aux années 1996. Une loi qui reconnaît à toute personne œuvrant dans une entreprise de presse et participant à la production d’un journal ou d’une émission comme professionnel de la presse. Ce qui laisse la possibilité à qui veut de se transformer en journaliste et de brader la profession.

Comme proposés par plusieurs professionnels des médias, Patrick Muyaya devra aussi se pencher sur la problématique de la mise en place d’un ordre des journalistes. De l’avis des plusieurs observateurs, cela est la solution idéale pour vérrouiller la pratique professionnelle qu’aux journalistes formés et disposant de leurs cartes de presse.

Il y’a aussi la problématique de la chaîne publique, la RTNC. Décriée souvent pour son manque de professionnalisme et de sérieux dans la production de ses émissions, ainsi que sa politisation à outrance, la RTNC nécessite à tout point de vu une restructuration profonde qui partira inévitablement de l’assainissement du personnel et le renouvellement de l’outil de travail. Quitte aussi à veiller sur le renforcement des capacités de ceux qui seront retenus pour rendre un travail de qualité à la Nation.

Enfin, l’épineuse question de la dépénalisation des délits de presse. Un sujet complexe qui ne pourra se résoudre que dans le cadre d’une politique générale de professionnalisation du secteur médiatique. Ainsi, en n’ayant pas ou très peu des « moutons noirs », la question des délits de presse pourra se résoudre avec faciliter, d’autant plus qu’il y aurait plus des prestataires des médias qui maîtrisent l’art et la règle journalistique. Mais même alors, la dépénalisation de manière légale s’impose dans un pays qui se veut démocratique et dont la liberté d’expression ne doit être réprimée pour aucune raison.

Arsene MPUNGA

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