SOCIÉTÉ-Kasaï-Oriental : les jeunes célibataires face à l’épreuve de la pression sociale pour le mariage, entre intimidation et harcèlement

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Le mariage est une union contractuelle et/ou rituelle à durée illimitée, reconnue et encadrée par une institution juridique ou religieuse qui en détermine les modalités. Cependant à Mbujimayi, les célibataires (garçons pour le plus souvent) sont pour la plupart sujets à diverses remarques. « Qu’attends-tu pour te marier ? », « Tu prends de l’âge tu sais, tu devrais songer au mariage ». Des remarques qui, parfois, peuvent ne rien signifier pour ceux qui les émettent. Mais à la longue, elles deviennent vexantes envers leurs destinataires. Plus encore, elles constituent une terrible pression, mais également un facteur bloquant pour ces personnes en âge de fonder une famille.

Être célibataire à Mbujimayi est sans doute l’une des situations les moins enviables. Partagés entre stress et pression sociale, beaucoup se sentent harcelés, au point parfois de faire leur choix dans la précipitation. La pression que subissent les célibataires qui tardent à trouver chaussures à leurs pieds est de plus en plus « terrible ». Intimidation ou harcèlement ? Des personnes qui vivent cette situation nous plongent dans leur quotidien.

« Je ne me précipite pas pour me marier, j’attends juste la bonne compagne« . À 26 ans, Freddy Mbuembue est un garçon bien gâté par dame nature. Malgré ses atouts, ce licencié en économie à l’université de Mbujimayi est encore célibataire. « On me fait tout le temps cette remarque mais je me dis que toute chose en son temps. On gère et on essaye de vivre avec, en attendant notre âme sœur », soupire-t-il.

Cette pression du mariage, il en a l’habitude, même si elle commence à gêner parfois. « On me demande souvent ce que j’attends pour me marier. C’est comme si je suis censée me marier à moi-même ou qu’une épouse est une marchandise qu’on trouve facilement au marché. Ce n’est pas évident, mais les gens n’ont pas conscience que cela peut blesser la personne », déplore-t-il.

Au moment où certains, acculés par les critiques, foncent tête baissée, d’autres prennent le temps de faire le casting. « Nous devons faire une sélection et nous engager avec celle qui nous paraît bonne. Si on n’est compatible, le mariage ne dure pas. Il faut prendre le temps nécessaire pour vous connaître. Ce qui n’est pas souvent le cas », ajoute Maurice Mbaya, étudiant en deuxième licence à l’Institut Supérieur Pédagogique, ISP de Mbujimayi.

Dans cette situation de hantise et de pression, même les femmes ne sont pas épargnées. Lorsque la jeune fille atteint un certain âge, il n’est pas rare d’entendre les voisins ou les parents proches l’interroger en ces termes: « ma fille, qui est notre futur beau fils? », « quand allons-nous boire?« . Ces questions sont parfois suivies de séances de présentation pour aider la fille à faire un choix. Les mamans, particulièrement, mettent la pression sur leurs filles qui ne pensent qu’à croquer la vie à belle dent. La méthode fait souvent ses preuves. Les plus faibles prennent conscience et décident de se marier.

Par contre, d’autres sous la pression prennent des décisions qui feront leur malheur. A vouloir se trouver un mari à tout prix, elles ne se soucient plus de trouver un fiancé de bonne moralité. Leur leitmotiv du moment est de faire taire les mauvaises langues. Les conséquences sont déplorables le plus souvent. En somme, les moqueries, la pression et les multiples messages à peine codés de l’entourage pèsent lourdement sur les épaules des célibataires qui finissent souvent par se retrouver dans des situations inconfortables.

|Par Moïse TSHILENGI

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